Salésiens de Don Bosco - Afrique Tropicale Equatoriale

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SDB ATE 2005-2006

   
 

« Luc nous dit : Marie » (Par le P José)

Myriam (Marie) est le nom porté par la sœur de Moïse et signifie « Princesse » ou encore « Dame » en araméen . Luc est sans nul doute, dans tout le Nouveau Testament, l’évangéliste qui, en accordant plus de place à l’enfance de Jésus a, par la même occasion, donné une grande valeur à la personne de la Vierge Marie dans son évangile.
En portant notre intérêt sur la vocation de Marie et sa Maternité dans cette réflexion, nous voulons insister surtout sur son consentement et son acte de foi, qui sont deux points importants des nombreux traits relatifs à sa spiritualité.

1. Les préfigurations dans l’Ancien Testament.

La féminité dans le dessein de Dieu
L’Ancien Testament a connu des personnalités féminines qui ont marquées le judaïsme et ont participé à l’histoire du salut du peuple juif. Le lignage davidique lui-même se transmet au moyen de la maternité et l’intervention personnelle de quelques figures telles que Sara (Gn 17, 15-19), Rébecca (Gn 27, 6-17), Tamar (38, 13), Ruth (4, 11-17) etc. Dans les moments de graves crises au sein du judaïsme, Dieu n’a pas hésité à susciter même des femmes pour aider le peuple à sortir de la crise (Juges 4, 17-22). Judith est une des figures emblématiques de la victoire sur la violence (Judith 13) et la capacité d’une femme de porter en avant le projet de Dieu .

La Mère du Messie.
Isaïe annonce au roi la naissance par « La jeune fille » (La Vierge selon la LXX), porteuse de l’espérance du salut, la naissance de l’enfant royal qui porte le nom d’Emmanuel: « Dieu avec nous » (Is 7, 14). Si les textes et les prophéties dont il s’agit étaient relatifs au temps et au contexte du prophète, les juifs, après l’exile verront dans ce texte une source d’espérance du Messie futur. Le Nouveau Testament voit dans la conception virginale de Marie, une réalisation de la prophétie d’Isaïe.
Marie est aussi préfigurée dans l’Ancien Testament par ce reste pauvre, humble et fidèle d’Israël : les Anawim sur lequel le Seigneur fait se fonder pour la réalisation de la promesse du salut pour le peuple. Le Nouveau Testament présente Marie comme la fille de Sion qui porte le Seigneur son Dieu (Soph. 3, 14-17). Elle est Mère du Messie qui va réaliser la promesse eschatologique .

2. La vocation de Marie.
Luc a tenté de dire à sa façon une expérience humainement impossible à décrire avec des mots et des paroles ; encore moins quand l’expérience est vécue par une tierce personne. Luc essaie donc dans une certaine mesure, d’imiter les récits des vocations prophétiques classiques (Is 6 ; Jér 1 ; Ez 2, 1-14), en accordant la place qu’il faut à la dimension historique de l’événement.

La salutation de l’ange. Lc 1, 28.
La condition de Marie est celle d’une vierge promise en mariage lorsque l’ange lui dévoile le projet de Dieu. La salutation de l’ange qui annonce la venue du Fils de Dieu nous renvoie à l’appel du prophète Zacharie qui annonce la venu du Seigneur près de la Fille de Sion (Zach 2,10), au milieu de son peuple (Zach 9,9). Luc montre ainsi en elle la fille de la réalisation de la prophétie. En révélant à Marie qu’elle est comblée de grâce, l’ange révèle une perspective indéfinie sur l’action de la grâce en Marie.
Luc souligne dans le Nom de Jésus, sa lignée davidique, son origine divine et par le fait même, la réalisation du salut promis par Dieu à son peuple par la lignée de David. Nous sommes en présence du condensé de la christologie lucanienne.

La réponse de Marie. Lc 1, 34
Rien ne nous permet d’affirmer dans la réponse de Marie, un vœu antécédent et définitif de virginité. Elle se contente de déclarer son intégrité physique. Les paroles de l’ange qui suivent, montrent bien que c’est le principe de la création, et du monde nouveau, celui par qui Dieu œuvre au sein de la création, qui donnera aussi « origine » à cet enfant : l’Esprit Saint. Rien n’étant impossible à Dieu, son Esprit Saint réalisera ce que la raison ne peux comprendre. Le Fils qui naîtra, sera donc vraiment Fils de Dieu. Quand l’ange fait référence à la Puissance du trait haut qui la couvrira de son ombre (Lc 1,35), cette réalité nous renvoie à la nuée du Sinaï signe de la présence du Seigneur ( Ex 40, 34), qui indique la présence du Seigneur au milieu de son peuple, dans son sanctuaire.

La Maternité de Marie.
Dans l’épisode de la visitation, Elisabeth ne se contente pas de voire en sa cousine la bénie entre toutes les femmes (cf. également Judith 13, 10), mais aussi la mère de son Seigneur (Lc 1, 42-43). Elisabeth se trouve ainsi dans la ligne de l’affirmation de l’ange Gabriel. « L’expression suppose la maternité divine puisque le titre de Seigneur, fait partager à Jésus les privilèges de Dieu lui-même » .
Elle voit en Marie la première croyante, celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur (Lc 1, 45). La foi de la communauté chrétienne est donc, pour ainsi dire le prolongement du premier acte de foi Marie. Luc met sur les lèvres de Marie, une action de grâce semblable à celle de Anne (1 Sam 2, 1-10).
La dimension humaine et la dimension de la loi son mises en relief dans cette naissance du Fils du Très haut, « Né d’une femme et né sous la loi » (Ga 4,4), reconnu par Siméon et dans sa circoncision (Lc 2, 22...). Avec ce qui précède, nous voyons les premiers signes de la nature humaine et divine et l’insertion dans le judaïsme, réunies dans la personne de Jésus. Les conciles vont souligner plus tard et avec force la présence des deux natures en Jésus (Ephèse 431). Dans l’expérience intérieure de Marie, s’inaugure le jeu de mémoire et de la foi, qui restera un trait capital de l’expérience chrétienne.

Les présages de maternité douloureuse.
La consécration de l’enfant au Seigneur et la purification de sa mère, montre une obéissance à la loi qui n’a rien avoir avec quelque souillure morale que se soit. Siméon reconnaît en cet enfant, le messie prophétique. Il voit en Marie celle qui sera intimement unie au drame qui se jouera autour de la personne de Jésus : préfiguration des événements qui toucheront la passion et la mort de Jésus (Lc 2,35).
Joseph et Marie assurent une croissance harmonieuse de l’enfant (Lc 2,52), et l’initient aux fonctions liturgiques du temple (Lc 4, 41-42). Les références successives à la personne de Marie dans la suite de l’Evangile selon st Luc sont occasionnelles. Mais ce que nous pouvons tirer en grande partie sur la spiritualité de Marie se trouve concentré dans l’évangile selon Luc, et contenue surtout dans l’évangile de l’enfance : sa fonction maternelle, sa plénitude de grâce, sa foi, son obéissance et son humilité.

3. Les mérites de Luc.
Le premier aspect positif que nous pouvons tirer de cette première réflexion est que Luc a touché les dimensions les plus importantes de la vie de Marie: Vocation, consentement, foi, obéissance et humilité, virginité… de Marie. Divinité et humanité de Jésus. Ces traits caractéristiques de la figure de Marie sont fondamentaux pour une spiritualité biblique dans sa dimension mariale.
Luc montre l’expérience concrète d’une jeune fille dans son rapport avec Dieu et offre des attitudes de foi et d’espérance qui ne sont pas au-dessus de l’homme d’aujourd’hui. La spiritualité biblique a donné un peu plus de lumière sur une relecture vétérotestamentaire de la figure de Maire surtout sur le thème des anawim . Elle cours se penche sur les attitudes de Marie surtout en ce qui concerne son Ecoute de la Parole du Seigneur. Le Shema étant une dimension incontournable dans la spiritualité biblique. Marie Ecoute donc la Parole de Dieu et la médite dans son cœur .

La maternité divine de Marie
Elle met en lumière deux aspects de l'incarnation. D'une part le Fils de Dieu s'abaisse jusqu'à devenir le fils d'une femme, pour appartenir à la race humaine. D'autre part, l'abaissement tend à élever l'humanité à Dieu . La maternité de Marie est une maternité consentie, en un sens plus complet que une maternité humaine ordinaire. Non seulement Marie a voulu devenir mère, mais cette volonté a été expressément requise pour la venue et la mission de son fils, et par conséquent pour le plan de salut qui devait s'accomplir à travers son fiat. Donc dans l'annonciation, Marie a coopéré avec son consentement, à l'incarnation rédemptrice. C'est avec elle que Dieu a conclu l'alliance pour la réalisation de ce mystère.
La Lumen Gentium a rappelé la valeur sotériologique du consentement de Marie dans l'annonciation : "il plût au Père des miséricordes que l'incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l'oeuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à la vie" (Lumen Gentium N°56).

Acte initial de foi
L'acte de foi de l'annoncia¬tion a contribué à susciter l'accomplissement du message de l'ange, non seulement de la conception miraculeuse mais aussi de l'avènement du messie avec son triomphe final.
Irénée attribue à la foi de Marie une valeur salvifique semblable à celle de son obéissance : "ce que la Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi" (Adv. Haer. III 22, 4). La foi de Marie a précédé la venue du Sauveur dans ce monde : par la suite elle s'est développée au contact de la vie de Jésus et s'est progressivement élargie dans l'accomplis¬sement de l'oeuvre du rédempteur, son triomphe glorieux et sa nouvelle venue dans l'Eglise. En Marie la foi en Christ a grandi suivant une loi de lente maturation, qui se retrouve normalement dans la vie de chaque chrétien. De la même façon, en elle se sont formées des attitudes d'espérance et de charité qui accompagnent la foi et caractérisent l'adhésion au sauveur.


Il est clair que Nazareth est un pays quasiment inconnu. Marie était une femme assez effacée (humble). La présentation que Luc nous fait donc de la figure de Marie s’est sans doute développée dans le milieu des anawim. Luc situe donc les événements dans un climat de foi et de prière des personnes humbles, pauvres et simples : Elisabeth et Zacharie, Les bergers, Siméon et Anne, avec leur désir d’accueillir le Messie et de voir implicitement en Marie vraiment la fille de Sion en raison de leur reconnaissance de cet enfant comme Fils de Dieu, celui qui doit venir. Ils reconnaissent ainsi la réalisation de l’espérance du judaïsme dans la naissance de cet enfant.