LA MESSE

La messe est souvent considérée par nombre de 'fidèles’ comme ennuyeuse, voire inutile. Elle est donc facilement abandonnée. Une des raisons souvent invoquées, c est que l’on peut aussi bien prier chez soi, et lire la Bible personnellement.

La prière personnelle, ainsi que la lecture de la Parole de Dieu, sont évidemment indispensables pour tout vrai chrétien. Mais elles ne sauraient nous dispenser de la messe comme rendez-vous « en famille » (église = assemblée) avec Dieu qui nous prodigue ses dons dans sa Parole et son Eucharistie.

Même si nous n'avons pas toujours envie de nous rendre à une réunion de famille, il est normal d'y être fidèle. Si notre ami(e) nous attend à un rendez-vous, pourrions-nous nous en dispenser pour la simple raison que nous n'avons pas envie de nous y rendre ? Que serait donc notre affection ou notre amour ?

Bien sûr, aller à la messe par pure obligation et avec l'esprit vagabond, cela n'a guère de sens. Il nous revient donc d'y participer dans l'intention de célébrer et d'accueillir notre Seigneur de tout notre cœur. Il s'agit ici d'une réponse d'amour et de fidélité à notre Dieu.

Mais comment se fait-il que nos messes puissent être ennuyeuses ?

* On pourrait invoquer comme première raison que la messe n'est pas un spectacle, comme l'est par exemple le cinéma ou le théâtre. C'est une prière liturgique, qui est forcément codifiée.

* Mais il faut aussi reconnaître, aux dires de bien des fidèles, que nombre de messes ne sont guère nourrissantes pour leur foi et leur vie spirituelle. Ce reproche est malheureusement vrai quand l'homélie n'est qu'un fade sermon de morale ou de rhétorique, voire un pot-pourri des potins du quartier. Nos fidèles méritent sûrement mieux, surtout quand ils se débattent avec les difficultés de l'existence, ou qu'ils recherchent une vraie nourriture spirituelle. Comment alors se fait-il que la Parole de Dieu ne soit pas davantage prêchée et enseignée ?

* Reste encore la vitalité de la liturgie. Le risque est grand, pour les ministres du culte, de tomber dans le piège de la routine, et de célébrer comme un fonctionnaire qui ne semble plus y croire lui-même. Comment ensuite les fidèles peuvent-ils y croire à leur tour et s'y investir ? Des célébrations liturgiques qui ne proclament pas de façon vivante et authentique notre Vie Nouvelle dans le Christ, ne trahissent-elles pas le vrai sens de la liturgie chrétienne ?

* Les chorales aussi ont leur part de responsabilité. La seule raison d'être des chorales, c'est d'aider l'assemblée à prier et chanter. Or, sous prétexte de servir le Seigneur, bien des chorales ne se servent-elles pas de la liturgie pour se produire en concert ? Et cela au détriment des fidèles parfois excédés -- et même des curés qui ne savent trop comment y remédier, tant la susceptibilité de certains choristes est farouche.

Bien des chorales sont capables de s'entre-déchirer entre elles pour des raisons tribales ou culturelles. Cela pourrait laisser penser que leur objectif est davantage de servir leur identité culturelle ou ethnique - plus que de servir le Seigneur et la liturgie.

Certes, le problème des chorales est épineux, vu les multiples sensibilités et intérêts en jeux. Mais il ne faudrait pas que cela nous empêche de faire notre examen de conscience, et au besoin certaines réformes :

Nos chorales sont-elles vraiment au service de la liturgie ? Aident-­elles vraiment les fidèles à prier et louer Dieu ? Ne se comportent-elles pas trop souvent comme en concert ? Ne monopolisent-elles pas trop souvent le chant au détriment de l'assemblée inerte et passive ? Ne vaudrait-il pas mieux alors se contenter de chœurs plus simples, aux chants moins brillants, mais qui entraînent davantage l'assemblée dans la prière et la louange ?

A propos de la communion

Quantité de fidèles communient à la messe tous les dimanches. Mais combien le font en pleine union de cœur avec le Seigneur qui se livre ainsi à eux ? Combien le font en pleine conscience, et dans un vrai respect ? Combien par contre ne le font-il pas par routine, par habitude, par légalisme ? Beaucoup communient alors qu'ils ne le devraient pas, soit parce qu'ils sont en rupture avec Dieu (péchés graves), ou avec l'Église (situation irrégulière).

Rappelons l'avertissement de l'apôtre Paul :

« Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun s'éprouve soi-même... Car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation. C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup d'infirmes et de malades, et qu'un grand nombre sont morts. » (1 Cor 11.27-30)

Pourquoi ne communie-t-on pas au vin consacré ?

C'est parce que le nombre des fidèles rend la chose difficile. Cependant, la communion au vin consacré (le sang du Christ) se fait dans des groupes réduits, quand les fidèles le désirent et y sont préparés.

Ne croyons pas toutefois que la communion au seul pain consacré (le corps du Christ) soit imparfaite. Car en recevant le corps du Christ, c'est bien sûr le Christ tout entier que nous recevons. Et dans l'Écriture, l'eucharistie est dénommée spécialement "fraction du pain" (Lc 24.35 ; Actes 2.42).